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Le médecin légiste : gardien de la vérité et de la justice

Au croisement de la médecine et de la justice, se trouve un métier souvent méconnu et sous-estimé, mais qui revêt une importance cruciale au sein de la société : le métier de médecin légiste. Ces experts médicaux spécialisés jouent un rôle essentiel dans la résolution d'affaires criminelles et la détermination des causes de décès dans des circonstances suspectes.


Dans cet article :


Hélène Yapo-Etté, médecin légiste ivoirienne (source : nesmondelaure)
Hélène Yapo-Etté, médecin légiste ivoirienne (source : nesmondelaure)

Description du métier


Le médecin légiste, également connu sous le nom de pathologiste médicolégal, est un médecin spécialisé dans l'application des principes médicaux à des enquêtes criminelles et à la recherche des causes de décès. Son rôle principal consiste à effectuer des autopsies et à analyser les preuves médicales pour aider à élucider des affaires criminelles et à établir des certificats de décès précis.


Ses tâches incluent souvent :


1. L'autopsie : L'examen approfondi des corps pour déterminer la cause du décès, notamment en cas de mort suspecte, accidentelle, homicide ou suicidaire.


2. L'analyse des preuves : L'interprétation des preuves médicales, telles que des blessures ou des toxines, pour aider les enquêteurs à comprendre les circonstances entourant un décès.


3. Témoignage devant les tribunaux : La présentation de ses conclusions en tant qu'expert devant les tribunaux pour aider à éclaircir les affaires judiciaires.


Cependant, le rôle du médecin légiste ne se limite pas uniquement à la mort. Ils interviennent également dans le cadre de la réparation des dommages corporels, examinant les victimes de violences, d'agressions sexuelles, d'accidents de la route ou d'accidents du travail. Dans ce contexte, les médecins légistes évaluent les préjudices, contribuant ainsi à l'établissement des faits. Comme l'explique Hélène Yapo-Etté, médecin légiste ivoirienne : "Toutes les personnes vivantes violentées ou agressées ont besoin d'être évaluées. Si elles souhaitent porter plainte, le juge, n'ayant aucun moyen de vérifier leurs allégations, s'appuie sur l'évaluation du médecin légiste pour comprendre les circonstances. Le médecin évalue les lésions et les circonstances pour aider le juge à qualifier l'infraction. Dans ce cas, le médecin devient un expert technique simulé, un technicien de justice."[1]



Quelle formation pour devenir médecin légiste ?


Le parcours pour devenir médecin légiste est long et exigeant. Il comporte deux principales étapes et dure au moins 9 ans :


> Obtention d'un diplôme de docteur en médecin : Cela nécessite habituellement une formation médicale de base, qui dure généralement entre 6 et 8 ans, suivie d'un internat en médecine générale.


> Spécialisation en médecine légale : Après l'obtention du doctorat en médecine, les futurs médecins légistes doivent suivre une formation de résident en médecine légale. Cette spécialisation dure généralement de 3 à 5 ans et comprend une formation pratique dans les autopsies, la collecte de preuves et l'analyse médicale légale.


Une fois la formation terminée, les médecins légistes débutent souvent leur carrière en tant qu'assistants de médecins légistes confirmés. Cette période leur permet d'acquérir une expérience pratique précieuse dans leur domaine.



Les contraintes du métier


Bien que le métier de médecin légiste soit gratifiant et indispensable pour la société, il comporte également d'importantes contraintes. Parmi celles-ci, on peut citer :


1. Des horaires de travail irréguliers : Les médecins légistes sont souvent appelés à intervenir à toute heure du jour ou de la nuit, car les décès suspects ne suivent pas d'horaire.


2. L'exposition à des scènes de crime perturbantes : Ils sont confrontés à des scènes de crime violentes et choquantes, ce qui peut être émotionnellement difficile.


3. Une pression intense : La précision est cruciale dans ce métier, car leurs conclusions peuvent avoir un impact énorme sur les enquêtes criminelles. Cette pression peut être stressante.


4. L'actualisation des connaissances médicales et légales : Les médecins légistes doivent constamment se tenir au courant des dernières avancées médicales et légales, car leur domaine est en perpétuelle évolution.



Le saviez-vous ? 
En 2017, en République centrafricaine, il n'y avait qu'un médecin légiste pour 4,5 millions d'habitants. Au Bénin et au Togo, seulement deux médecins légistes exerçaient dans des pays comptant respectivement 7,5 millions et 11,5 millions d'habitants[2]. Au Gabon, un seul médecin légiste couvre actuellement tout le pays, une pénurie alarmante qui intensifie considérablement la pression sur ces professionnels.


Les perspectives d'évolution


Les médecins légistes expérimentés peuvent évoluer vers des postes de direction dans les services médicolégaux, devenir professeurs dans des écoles de médecine ou s'engager dans la recherche médicolégale avancée.


 

[1] http://nesmondelaure.over-blog.com/2016/02/interview-helene-yapo-ette-professeur-de-medecine-legale-et-de-reparation-juridique-de-dommages-corporels-comment-nous-avons-identi

[2] https://www.unige.ch/formcont/promotions/article-medecine-legale-consolider-paix-afrique/#_ftn1



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