La consommation médicamenteuse est une question sensible en raison notamment des risques sanitaires certains qu'elle fait courir : mésusages, interactions, réactions allergiques et autres effets indésirables... C'est pourquoi il est nécessaire d'évaluer le rapport bénéfices/risques avant tout usage d'un médicament.
Mais d'abord, le médicament, qu'est-ce que c'est ?
L'Ordonnance n°001PR/2011 du 27 janvier 2011 relative à l'organisation du secteur pharmaceutique en République Gabonaise définit le médicament comme « toute substance ou composition possédant des propriétés curatives des maladies de l'homme ou de l'animal ainsi que tout produit pouvant être administré à l'homme ou à l'animal en vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques ». (art. 3)
En droit gabonais toutefois, la notion de médicament recouvre un champ beaucoup plus large puisque sont également consacrées les notions de « médicament traditionnel » et de « médicament traditionnel amélioré ».
« - Médicament traditionnel : tout médicament conçu et développé par un tradipraticien ou par un chercheur à partir des connaissances ou informations issues de la pharmacopée; - Médicament traditionnel amélioré : toute préparation phytothérapique à posologie établie et toxicité déterminée » (Article 3 de l'Ordonnance n°001PR/2011 du 27 janvier 2011 relative à l'organisation du secteur pharmaceutique en République Gabonaise)
Qui peut prescrire les médicaments ?
En principe, les seules personnes habilitées à prescrire les médicaments sont le médecin, le chirurgien-dentiste et le médecin vétérinaire. Mais exceptionnellement, et « dans les conditions fixées par voie réglementaire », cette habilitation peut être élargie aux assistants médicaux, aux sages-femmes, aux techniciens supérieurs de santé, aux infirmiers d'Etat et aux kinésithérapeutes. (art. 24)
Un assouplissement qui semble traduire la volonté des autorités de répondre tant bien que mal aux problématiques de l'accès aux soins au premier rang desquelles figure la faible densité médicale. En effet, selon un rapport récent de l'OMS, le Gabon ne compte que 6,8 médecins pour 10.000 habitants. C'est mieux que la plupart des autres pays africains (seulement 2,3 pour la Côte-d'Ivoire contre 0,9 pour le Cameroun) mais encore très loin derrière les pays européens (39,8 pour l'Italie par exemple).[1]
Le pharmacien est-il tenu au strict respect de l'ordonnance médicale ?
En principe, une fois l'ordonnance établie et « sauf accord préalable du prescripteur ou cas de force majeur », le pharmacien ne peut dispenser un médicament autre que celui qui a été prescrit. Il est toutefois autorisé à substituer à un médicament princeps (ou médicament d'origine) qu'il n'aurait pas en stock un médicament générique identique ou équivalent.(art. 25)
Quelle est la différence entre un médicament princeps et un médicament générique ?
Un médicament princeps c'est un médicament commercialisé sous une marque commerciale. Et en tant que spécialité de référence, il a fait l'objet d'un dépôt de brevet.
Un médicament générique c'est un médicament conçu à partir d'un médicament déjà commercialisé (un princeps) mais vendu soit sous une autre marque soit sous sa dénomination commune internationale (DCI), c'est-à-dire son nom chimique. Il ne peut être commercialisé qu'après expiration du brevet couvrant le produit leader.
Au Gabon, les médicaments génériques souffrent d'une mauvaise réputation. Ils sont généralement perçus comme étant moins efficaces que les médicaments d'origine. Pourtant, il n'en est rien. En effet, conformément à la règlementation en vigueur, les fabricants de génériques (ou génériqueurs) sont contraints, avant toute commercialisation, de mener des essais cliniques destinés à prouver qu'aux mêmes doses, les génériques sont équivalents aux spécialités de référence. En outre, même s'ils ne sont que des copies, les médicaments génériques sont soumis à une autorisation professionnelle préalable de mise sur le marché, délivrée par le Premier Ministre ou par le Ministre chargé de la Santé. (art. 6 à 7)
Le patient a-t-il le droit de refuser le médicament de substitution proposé par le pharmacien ?
Oui, le malade est libre de refuser le générique proposé par le pharmacien. D'ailleurs, le pharmacien doit normalement informer le patient avant de procéder à une quelconque substitution. S'il ne le fait pas, le patient ne doit pas hésiter à exprimer son désaccord.
[1] World health statistics 2020: monitoring health for the SDGs, sustainable development goals. Geneva: World Health Organization; 2020. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.
Attention, non, le pharmacien n'est pas autorisé à prescrire.
Mais effectivement l'extension de l'habilitation à prescrire est une fausse bonne idée. Elle peut même s'avérer dangeureuse puisqu'il m'a été rapporté que de nombreuses ordonnances rédigées par des infirmiers comportaient souvent des erreurs (erreur de posologie par exemple). Quid du patient qui se mettrait à suivre un traitement basé sur des prescriptions erronées ?
Le pharmacien, la sage femmes entre autres qui sont autorisés à substituer un autre médicament, en cas d'effets secondaires et que ceux ci causent un dommage au patient. Ne pensez vous pas qu'on pourrait éviter de tels risques si les médecins traitants restent les seuls habilités?!