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Violences intra-familiales : le rôle du soignant

Dernière mise à jour : 21 janv. 2021


"Tout le monde le savait, mais personne n'osait en parler"

"Je m'en doutais, mais je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas"


Au Gabon, comme dans la plupart des sociétés, les violences intra-familiales sont un sujet tabou. En effet, ceux qui ont connaissance des faits ou qui simplement s'en doutent, font trop souvent le choix de se taire par crainte d'être pointé du doigt et/ou de mettre à mal les précieux liens familiaux. Du côté des victimes en revanche, la peur, la culpabilité, la honte, l'amnésie traumatique ou parfois simplement l'inconscience liée à l'âge, sont autant d'obstacles à l'éclosion de la vérité, et de fait, à la justice. La conséquence principale de cette omerta est l'impunité des bourreaux. Or, de toute évidence, l'impunité favorise la récidive. Mais face à cette réalité à la fois triste et révoltante, il appartient aux soignants de prendre conscience du rôle déterminant qui peut être le leur.


<< Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe >> (extrait du Serment d'Hippocrate)



Non-assistance à personne en danger ?


Les violences intra-familiales peuvent revêtir différentes formes, et les victimes comme les bourreaux ne sont pas toujours ceux que l'on pense. Ainsi les violences peuvent-elles être physiques, psychologiques ou les deux à la fois. Par ailleurs, elles peuvent tout aussi bien se produire dans un contexte conjugal (l'épouse/l'époux est la victime ou le bourreau) que survenir dans le cadre d'une relation ascendant/descendant (l'enfant est la victime ou le bourreau).

Dans tous les cas, quelle devrait-être l'attitude du soignant qui, au cours d'une consultation en cabinet ou à domicile constate des symptômes physiologiques et/ou comportementaux lui donnant des raisons de penser que le contexte familial dans lequel évolue son patient est de nature à menacer sa sécurité et sa santé ?

Devrait-il se contenter de procurer les soins pour lesquels il a été sollicité et simplement ignorer ce que ses yeux ont vu ? Dès lors, son inaction ne serait-elle pas en totale contradiction avec son obligation déontologique et légale de porter assistance à toute personne en péril ? Au bout du compte, c'est au juge qu'il appartiendra de trancher.


Néanmoins, le soignant doit prendre la pleine mesure du phénomène de violences intra-familiales, encore plus lorsque la victime est un enfant.



Comment agir ?


Pour agir au mieux, le soignant dispose de moyens relevant du bon sens, de l'éthique ou encore de la loi.

  • L'écoute attentive et bienveillante

Soigner c'est savoir être à l'écoute de l'autre sans jamais le juger et sans jamais remettre en question ses affirmations. Et si le patient ne s'ouvrait pas de lui-même ?

L'accompagnement d'une victime de violences intra-familiales peut être long. Aussi appartient-il au soignant de faire preuve de persévérance tout en ne cessant de questionner avec tact son patient, de manière à l'aider à mettre des mots sur ses maux.


  • la dénonciation judiciaire

Elle peut se faire au titre de l'article 26 du Code de procédure pénale, avec l'accord du patient s'il est majeur et sain d'esprit (secret médical). S'il s'agit d'un mineur ou d'un majeur incapable et surtout si les faits de violences sont particulièrement graves, le professionnel de santé est autorisé à lever le secret médical.


  • la documentation rigoureuse du dossier médical du patient

Les symptômes constatés doivent être renseignés avec le plus grand soin dans le dossier médical du patient car elles serviront de preuves lors d'un éventuel procès.



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